J’ai toujours essayé de parler aux enfants d’un maximum de choses, aborder plein de sujets pour qu’ils aient l’esprit le plus ouvert possible.
Je voudrais qu’ils comprennent que les choses ne sont pas forcément noires ou blanches, que parfois c’est plus compliqué que ça.
Je suis vraiment intimement persuadée que lorsqu’on ne réfléchit pas assez, que l’on ne cherche pas à comprendre, on devient intolérant, sectaire (on le voit bien avec l’ambiance générale actuelle). Et je ne veux pas ça pour mes enfants.
La façon la plus simple que j’ai trouvé pour aborder des sujets parfois complètement différents c’est de lire.
Par exemple j’aime beaucoup la collection Les P’tits Philosophes (il y a plusieurs tomes) qui permet d’aborder des sujets totalement différents mais de manière adaptée aux enfants. Il y a sur chaque page une mini histoire avec des petits personnages qui réagissent de manière différente sur un sujet. La question est ensuite posée à l’enfant pour qu’il puisse réfléchir à ce qu’il vient de lire et dise ce qu’il en pense. C’est vraiment très bien !
Avec les petits il y a aussi des livres qui abordent certaines choses l’air de rien… Jean de la Lune par exemple qui permet de réfléchir à la différence et au rejet de l’autre.
Dernièrement j’ai été particulièrement sensibilisée à l’autisme ou, plus exactement, aux troubles du spectre autistique (officiellement tous les autres termes comme « autisme de haut niveau », « syndrome d’Asperger »… ont disparu, on ne doit plus parler que de TSA).
Je m’explique : A la rentrée 2015 j’ai repris une formation professionnelle (dans le social) qui durera 3 ans.
Je suis actuellement en stage dans un IME qui accueille des enfants avec autisme. Je suis également dans un SESSAD (qui s’occupe d’enfants avec autisme mais au domicile et dans les lieux qu’ils fréquentent) et dans une UEM (petite classe d’enfants avec autisme inclue dans une maternelle, en « milieu ordinaire »).
Moi qui connaissais très peu l’autisme (le minimum quoi) je commence à le comprendre beaucoup mieux. Pour résumer (mais vraiment résumer parce que c’est beaucoup plus complexe que cela) il s’agit d’un trouble du développement de l’enfant qui se caractérise par une perturbation des interactions sociales, des troubles de la communication, des troubles du comportement. Il peut y avoir des troubles associés qui diffèrent selon chacun, certains parlent, d’autres pas du tout. Il n’y a pas un seul autisme et c’est bien là la difficulté.
Je ne vais pas ici faire un cours sur les troubles du spectre autistiques, je ne suis pas du tout en mesure de le faire, c’est bien trop complexe !
Je voulais surtout aborder le sujet de la sensibilisation à l’autisme parce que c’est un handicap invisible et, comme je le disais plus haut, quand on ne connait pas, on peut vite devenir intolérant. C’est souvent très violent pour les enfants et les parents.
En fait ce qui m’a touché, c’est d’écouter les parents. Entendre ce qu’ils ont vécu avant que le diagnostic ne soit posé (les propos culpabilisants de certains professionnels peuvent être très violents)
Et puis le regard des autres. Comme je disais l’autisme est un handicap invisible. Pour les adultes, un enfant qui crie tout le temps ou qui a des comportements qui ne sont pas adaptés laisse vite penser que c’est un enfant mal élevé que les parents n’arrivent pas à gérer. Pour les enfants, c’est un drôle de copain, un peu bizarre, qui fait peur parfois et qu’on laisse de côté.
Je les ai entendu raconter les moqueries des enfants plus grands, du rejet. Moi qui ai des enfants, je trouve ça vraiment terrible et je comprends ce qu’ils ressentent.
A l’école on commence un peu à sensibiliser les enfants (on est super à la bourre en France, ailleurs ça ne se passe pas du tout comme ça, que ce soit pour les diagnostics, les méthodes, la sensibilisation), notamment avec la journée de l’autisme (tous en bleu).
Avec les classes ULIS école (on ne dit plus CLIS) ou ULIS collège qui se développent on en parle de plus en plus également, mais ce n’est pas suffisant. {Petit aparté à ce propos : Certains pensent que les ULIS accueillent des enfants qui ont un retard scolaire parce qu’ils travaillent mal ou je ne sais quelle raison. Non. Les enfants accueillis en ULIS ont tous un handicap, ils sont orientés par la Maison Départementale des Personnes Handicapées.}
J’ai donc ramené aux enfants des livres adaptés qui expliquent l’autisme.
D’abord il y a Lolo dans la série « Au coeur des différences » (on trouve aussi dans cette collection des livres sur le cancer, la dyslexie, l’adoption…). Le but de cette collection est de permettre aux parents, aux éducateurs, aux instituteurs… de sensibiliser les enfants à la richesse des différences.
Ce livre décrit et explique les comportements de Lolo : les cris, l’hyperactivité, les comportements « bizarres » (moulin à vent avec les bras, la marche sur la pointe des pieds…), le fait qu’il ne parle pas (il montre des images pour désigner les objets), les comportements alimentaires (les personnes avec autisme ne mangent parfois qu’un seul aliment ou refusent que les aliments se touchent dans l’assiette).
Tout est expliqué simplement, parfait pour les enfants.
Il y a ensuite Oscar et ses super-pouvoirs qui raconte l’histoire d’Oscar qui a le syndrome d’Asperger (il dit que « ça rime avec hamburger »). Il est présenté ici de façon très positive comme un super héro qui a des pouvoirs que les autres n’ont pas.
Il a des comportements « bizarres », certains le prennent pour un idiot mais ils n’ont rien compris. C’est tout le contraire. Il explique que son cerveau enregistre tout, il sait plein de choses (et fatigue tout le monde en racontant tout ce qu’il sait ^^).
Il explique son intérêt pour les animaux (comme beaucoup de personnes avec autisme), son hypersensibilité auditive (beaucoup ne supportent pas lorsqu’il y a trop de bruit, cela peut entraîner les cris etc…), le fait qu’il ne prenne tout au « 1er degré »…
Il y a aussi Gabriel, livre sélectionné par l’Education nationale pour expliquer l’autisme aux enfants un peu plus grands, ceux qui savent lire seuls.
Il raconte l’histoire de Gabriel qui sait lire à l’envers, se balance dans la cour de récréation et que tout le monde prend pour un martien.
Cet article est spécialement dédié aux enfants mais je voulais tout de même ouvrir une parenthèse et m’adresser aux adultes. Je voulais notamment parler d’une personne incroyable, que j’ai eu la chance de rencontrer : Josef Schovanec. Ce docteur et chercheur en philosophie (et écrivain) est une personne avec autisme qui a parlé pour la première fois à l’âge de 6 ans. Aujourd’hui il est hyperpolyglotte (je ne veux pas dire de bêtise mais je crois qu’il parle une dizaine de langues dont l »hébreu, l’éthiopien et d’autres langues pas super simples ^^).
Il a eu une enfance difficile à l’école, victime de violences physiques. Il avait, lui aussi, des comportements « bizarres » (je vous invite à aller voir tout ça)… Il a été diagnostiqué par erreur schizophrène à l’âge de 19 ans et a séjourné en hôpital psychiatrique (comme malheureusement beaucoup de personnes avec autisme à l’époque !!). Le diagnostic du syndrome d’Asperger n’est posé que 3 ans plus tard, il a alors 22 ans !!!! (aux Etats Unis on diagnostique beaucoup d’enfants avant 1 an !!! en France aujourd’hui ça vient mais on a du retard à rattraper !)
C’est terrible non ? Il a malgré tout obtenu son BAC de sciences avec mention à l’âge de 17 ans, est diplômé de Sciences Po et l’EHESS, fait des chroniques sur France Inter. Dernièrement, il a reçu une mission du ministère de la santé concernant l’insertion professionnelle des adultes autistes (et croyez-moi il est temps de se pencher sur la question !).
Bref son parcours est absolument incroyable. Je vous invite à aller voir sur Youtube ses conférences où il parle avec beaucoup d’humour de l’autisme (et avec beaucoup d’anecdotes : par exemple lorsqu’il voyage, il fait des kilomètres à pieds juste pour ne pas prendre de taxi).
Il a écrit beaucoup de livres, notamment « l’autisme pour les nuls ». J’ai acheté le dernier (et dédicacé s’il vous plait ^^)
C’est l’exemple de toutes les (grandes) possibilités des personnes avec autisme.
Je termine ici mon petit roman :)
Je reviendrai ici régulièrement remettre de nouveaux livres sur l’autisme pour les enfants. L’idée est de trouver des moyens pour informer les copains de classe, les frères et soeurs (et ça ne fera pas de mal aux adultes ^^)…
Si vous en connaissez d’autres, merci de me donner les références pour que je puisse enrichir cette liste pour l’instant pas très développée (mais ça va venir en allant).
A très bientôt !
Edit :
Comme promis, je reviens enrichir la liste de livres (avec les liens direct quand je les ai trouvés)…
– Un petit frère pas comme les autres (Marie Hélène Delval – Les Belles Histoires)
L’histoire : « Lili-Lapin a un gros souci : son petit frère Doudou-Lapin a beau grandir, on dirait qu’il reste un bébé. Il ne parle pas, il salit tout, il bave, et parfois il fait même pipi sur le tapis. Lili a souvent envie de le gronder… Mais quand les autres enfants le traitent de « boudin qui ne comprend rien » elle entre dans une colère terrible. Comment l’aider à faire des progrès, ce Doudou qui pousse de travers et qui aime tant les câlins ? »
– Le Liseron de Jules (Kochka – Ed Belin)
L’histoire : « Hugo rêve d’avoir un frère et un jour, il a Jules. Hélas, Jules est différent, Jules est autiste et la vie d’Hugo devient insupportable. Comment l’amour parviendra-t-il à gagner le coeur d’Hugo ? »
– Je suis un chat bleu (Anne Mirman et Eric Gasté – Les Belles Histoires)
Histoire : « Bleu je suis et bleu je resterai. Hélas, tout le monde n’aime pas les chats bleus ! Dès ma naissance, la fermière m’a chassé à grands coups de pied. Depuis, je voyage, en quête d’un maître qui voudrait bien m’aimer »
– Epsilon, un écolier extra-ordinaire (Lydie Laurent et Véronique Cellier – AFD)
Un livre pour expliquer l’autisme aux parents et aux enfants : l’autisme dans l’enseignement, l’auxiliaire de vie scolaire, le comportement en classe, à la récréation…
Je continuerai d’enrichir, n’hésitez pas à me donner des références :)
A très vite
C’est vraiment bien pour en parler aux enfants de manière naturelle. Merci pour ces références utiles ! Beau week-end :-)
Beau WE à toi aussi Nathalie ! Bisous !
Merci pour ton billet et pour ces bonnes idées de lecture… C’est super que les éditeurs participent à la transmission de ces messages simples pour faire comprendre les difficultés des personnes atteintes de TSA. Il y a quelques années, nous nous étions sentis bien seuls et démunis quand il fallait expliquer les choses pour notre fils. Joseph Schovaneck et son livre « je suis à l’Ouest » nous a beaucoup aidé à l’époque. Ainsi que le magnifique documentaire « Le cerveau d’Hugo ». Pour info, Mademoiselle Caroline sort une BD sur ce thème également cet automne !
Oui j’imagine, ce n’est pas simple !
Quant à Josef Schovanec, il est effectivement bien connu des parents (lorsqu’il est venu à l’IME les parents étaient complètement enchantés). C’est tellement motivant, encourageant : il a des discours très positifs !
Son livre c’est « je suis à l’Est » (et oui, il ne fait rien comme les autres ^^)
Merci pour ton message et je vais suivre la sortie de cette BD !
A bientôt :)
Moi aussi je trouve qu on peut expliquer plein de choses avec les livres, même les choses moins graves ! Merci pour cet article !
C’est vrai les livres servent bien aussi pour parler des pipis au lit etc etc :)
Merci à toi !