38 ans, 4 enfants et une jolie reconversion professionnelle

 

Une fois n’est pas coutume, aujourd’hui je suis en mode « j’te raconte ma vie »  ! ^^

Qui sait, ce petit texte pourra peut-être servir aux vieilles mères de famille, comme moi, qui ont envie de changer de vie et qui n’osent pas sauter le pas…

 

 

 

Bon, allez j’ te raconte…

Doudou a 2 ans et demi et va bientôt rentrer à l’école.

Cet événement m’a fait prendre conscience que ce n’était plus vraiment un bébé… Non je m’exprime mal : Ce sera toujours MON bébé (toute sa vie je l’appellerai « mon lapin » et il me détestera pour ça).

Je voulais donc dire que lui, rentrant à l’école, aura moins besoin de maman.

Inutile donc de rester à temps partiel, je reprends à temps complet dès le mois de septembre.

[Petit aparté : Mon banquier en pleure de joie… J’ai décidé de faire comme ceux qui arrêtent de fumer et qui mettent de côté l’argent qu’ils auraient dépensé en cigarettes : je vais donc épargner le montant des agios et m’acheter des robes avec !! ;-)

Bon j’exagère un peu mais quand même ça va vachement nous faire du bien.]

 

Je me suis dit aussi qu’il était grand temps de reprendre ma vie en main et de faire quelque chose qui me plaise vraiment.

Mon boulot quotidien est intéressant et je m’entends très bien avec mes collègues.

« Bah alors, quel est le problème ?! » Et bien tout simplement j’ai envie d’être plus utile que je ne le suis actuellement, d’aider les gens concrètement.

Au-delà de ça, j’ai aussi envie de gérer mon boulot comme moi je le souhaite (dans l’administratif on fait un peu ce qu’on nous dit de faire) et puis tout simplement j’ai envie d’apprendre de nouvelles choses, de voir de nouvelles personnes.

Ma responsable a très bien cerné : « Après avoir pouponné, tu as besoin de t’occuper de toi ». Elle entendait par là « d’un point de vue professionnel » (côté vie privée, je n’ai jamais eu cette impression), c’est ça ! Entre les congés mater, les temps partiels (le temps que les loulous grandissent), on pense beaucoup moins à son évolution professionnelle. Sans être carriériste on a quand même envie d’évoluer un peu à un moment donné.

J’ai commencé ma carrière comme secrétaire au service social. Je travaillais aussi un peu au centre de planification familiale et au pôle médico-judiciaire…7 années super où le travail me plaisait beaucoup, où j’ai appris à avoir une autre vision des choses, des gens, des situations…

J’ai appris à connaître le métier d’assistante sociale et surtout j’ai pu voir qu’il était fait pour moi ! :-)

 

Le concours d’entrée à l’école est sélectif et pas forcément simple.

Je me suis inscrite en prépa (j’ai passé les tests : écrit + oral) parce que je me suis dit que, 15 ans après le BTS, ça risquait d’être compliqué… Malgré tout j’ai tenté de passer le concours en parallèle, histoire de voir comment ça se passe.

Quand on bosse depuis longtemps (à un poste qui laisse peu d’occasions de prendre des initiatives) on a tendance au fur et à mesure des années à se dévaloriser. J’appréhendais donc beaucoup l’écrit (pour moi qui étais très bonne en français à  une époque très lointaine  l’école)… J’ai obtenu 15 et j’étais ravie !

 

Cette étape passée, il n’était plus question pour moi de « voir comment ça se passait » mais bien de réussir complètement (pas envie de me farcir 2 fois cette étape hyper stressante : l’oral)

 

Pour l’oral, il y a 2 épreuves.

La première est un entretien de motivation (avec lettre de 2 à 3 pages à préparer auparavant) avec un jury composé d’une personne de l’école + une assistante sociale ou psychologue ou sociologue.

20 minutes où d’abord tu te présentes et ensuite tu réponds comme tu peux aux questions.

Bon, pour moi l’entretien a été surtout axé sur les difficultés de cette formation (très longue et prenante avec beaucoup de choses à faire à l’extérieur de l’école) et donc des difficultés que cela engendrerait pour moi.

Oui parce que, je le savais bien, on a beaucoup parlé de mes enfants, de leur jeune âge et de tout ce qui va avec…

Je suis bien consciente de tout ça, j’ai vu assez de stagiaires assistantes sociales en plein stress, avec des mémoires à rendre (et plein plein d’autres choses) et qui n’avaient pas d’enfant. Je sais bien que j’aurai plus de difficultés que les autres mais j’ai aussi mon Chéri qui me soutient, m’encourage, me pousse à faire ça. Je sais que je peux compter sur lui sans aucun souci pour faire les repas et vérifier les devoirs des enfants et les miens !

 

La seconde épreuve consiste en un entretien de groupe de 1 h 30.

Nous sommes une petite dizaine et nous devons parler d’un sujet que, bien sûr, nous ne connaissons pas à l’avance (ah ben sinon ça ne serait pas drôle) pendant qu’un second jury (assistante sociale + psychologue ou sociologue  ou alors, jackpot,  les 2) nous observe, prend des notes et ne dit rien… 1h30 c’est long… Mieux vaut éviter de couper la parole aux autres pour donner ses idées ou, à l’inverse, de rester prostré dans son coin « moi je n’ai pas d’avis. Sur rien. Jamais. »

Bon. Comme tu peux l’imaginer j’attendais cette épreuve avec une très grande impatience !

Suite à cet entretien, nous voyons ce jury individuellement pour décrire notre position dans le groupe (front qui perle), de celle des autres (mains moites) et nous répondons aux questions (regard vide « c’était quoi le début de la question déjà ? »).

Concentration extrême pour ne pas donner d’avis trop tranché (moui… peut-être… dans certains cas…) sauf parfois où là il faut être claire. « Est-ce que l’on peut crier parfois lorsque l’on n’est pas d’accord avec son collègue ? Non, je pense que crier est justement la meilleure façon de ne pas se faire entendre (t’as vu ça ? c’est bien dit hein ?)

Bon peut-être que, tout compte fait, on a le droit de crier (un peu) au travail mais moi avec les psychologues je me méfie. Je préfère dire non, ça évite des questions supplémentaires, peut-être plus embarrassantes.

Et puis une future assistante sociale qui peut péter les plombs à tout moment ça risque de ne pas le faire « Comment ça vous êtes surendetté ? mais qu’est-ce que vous avez foutu bordel ??! »

 

Finalement pour l’entretien de motivation je suis ressortie en me disant que, sans avoir raté, je n’allais pas avoir une note exceptionnelle (effectivement j’ai eu 13) et avec l’impression de ne pas avoir été comprise. Je suis consciente des difficultés mais je sais que je peux y arriver parce que soutenue…

Quant à l’entretien de groupe, épreuve tant redoutée, je suis ressortie contente et soulagée. La discussion s’est très bien passée, nous avions fait connaissance avant d’entrer, tout le monde était sympa donc l’ambiance était plutôt détendue (enfin presque). J’avais bien accroché avec une petite jeune de 18 ans (quand on y pense elle pourrait être ma fille… Quelle ppff…) au moment de l’écrit, je l’ai retrouvée là. Depuis nous échangeons de temps en temps.

 

Donc…. roulement de tambour…. J’ai eu les résultats cette semaine et… Je suis reçue !! Youhou !!

Par contre, mon employeur ne peut me laisser partir à la rentrée 2014 (c’est déjà une chance énorme : il accepte de prendre en charge la formation dans le cadre d’études promotionnelles), j’ai donc du demander le report pour la rentrée 2015. Cela reste un moment stressant (très stressant) car les demandes de report ne sont pas systématiquement acceptées.

J’ai du faire plein de démarches en l’espace de 2 jours, ce n’est pas simple et je suis toujours dans l’attente de la réponse.

Si c’est accepté, je serai prioritaire pour l’année prochaine et je pourrai choisir mon école. Une vraie chance car sur les 3 écoles (attribuées selon le classement) il y en a 2 qui ne sont pas accessibles pour moi : trop loin et, bien sûr, je me vois mal m’installer là bas pour la semaine avec tous mes doudous à la maison !

 

Le seul petit regret c’est que je ne pourrai pas intégrer cette promo, on s’était vraiment tous bien entendus ! Bon, je me dis que l’année prochaine ils seront sympas aussi, y a pas de raison !

Les étudiants de l’école sont des AS, des éduc… Par définition ils sont, normalement, plutôt ouverts d’esprit. Je ne me sens pas gênée non plus par mon âge car il y a régulièrement des personnes qui font des reconversions professionnelles dans ce domaine. Ce ne sont pas des métiers que l’on fait par hasard.

 

Je vais donc repartir pour 3 années d’école, bien remplies avec du droit, plein de textes de lois à apprendre, de la politique économique et sociale, de la philosophie, des cours d’ethnologie et d’anthropologie (bref de sociologie)… et plein de choses en « ie » très intéressantes mais qui vont demander beaucoup de boulot !

Mais tout compte fait qu’est-ce que c’est 3 ans dans toute une vie ?

J’ai prévu de m’organiser (parce que OUI, je PEUX le faire) pour m’avancer un maximum dans mon travail la semaine et tenter des garder les WE libres (bon… au moins 1 sur 2) pour faire des sorties avec les enfants et garder les soirées avec les amis le soir. Parce que sans tout ça le moral risquerait d’en prendre un coup…

 

Voilà, ce petit texte pour te dire qu’aujourd’hui on ne fait pas forcément le même métier toute sa vie. On peut se remettre en question à tout âge, dans toute situation… Si tu as une envie, n’hésite pas… Après il sera trop tard !

A très vite pour un prochain DIY… Profitons-en pendant que je le peux encore ! ;-)

 

Edit du 05/10/2018 :

Suite à toutes les questions que je reçois régulièrement sur la reconversion professionnelle, j’ai rédigé un article qui tente d’y répondre. J’ai aujourd’hui un peu de recul puisque, 3 ans plus tard, ma formation est terminée et je suis diplômée. Vous pouvez aller jeter un oeil ici si vous le souhaitez !